#3 Une heure interminable

Véritable date de rédaction : mardi 20 novembre 2012

Ce soir, il m'est arrivé quelque-chose qui ne m'était pas arrivé depuis 2 ans.


Après avoir passé une bonne aprem défonce en compagnie de Claire et de Sandra, il est 19h10 quand je décide de rentrer chez moi. Avec Sandra, nous quittons Claire pour faire un petit bout de chemin ensemble. Dehors, avant de laisser Sandra rentrer chez elle, je fais un petit tour sur mon iPhone pour savoir dans combien de temps le prochain bus arrive, il annonce 8 minutes. Je m'empresse donc de dire au revoir à Sandra pour rejoindre l'arrêt qui se situe à environ 4 minutes de marche de l'endroit où l'on se trouvait. Je marche de plus en plus vite, avec mes écouteurs dans les oreilles, puis finis par voir l'arrêt de bus. De loin, je peux voir quatre silhouettes debout, attendant probablement eux aussi le fameux bus.  

Je m'approche de l'arrêt, et me rend compte qu'il s'agit d'une bande de 4 mecs qui discutent, rigolent et fument. Je garde mes distances et attend tranquillement mon bus quand j'entends derrière moi: 

- "Hé boloss*!"
Je fais mine de ne rien entendre et prie pour que ce ne soit pas à moi que ces messieurs s'adressent. J'entends une nouvelle apostrophe, derrière moi, toujours la même,

- " Hé boloss !" un peu plus agacé.
Je commence à flipper et à me dire que c'est peut-être à moi qu'ils s'adressent, je réfléchis avec l'angoisse qui commence à me chatouiller les pieds, puis je décide de traverser la route et de continuer à marcher pour rejoindre l'arrêt de bus opposé (m'envoyant ainsi dans la direction contraire de celle où je voulais aller initialement). Puis en marchant, j'entends une nouvelle fois,

- "Hé boloss ! Téma, il fait genre il entend pas ! Hey viens là ! Hey, hey ! "
Je marche de plus en plus vite pour rejoindre l'arrêt de bus qui était occupé par 3 personnes dites "civilisées", c'est alors que je vois le bus allant dans ma direction initiale me passer sous le nez et s'arrêter à leur arrêt de bus. Ils ne le prennent pas. Il repart et les laissent sur le bas-côté. Soudain, je vois qu'ils se rapprochent, je fais mine d'entretenir une conversation avec une dame et son mari et leur demande,

- "Excusez-moi, savez-vous si la fac est encore ouverte à cette heure-là? ", l'évènement s'est produit à une station de bus de ma fac. La dame me répond qu'"à cette heure là, il est probable que non", je jette un oeil derrière et vois les mecs désormais rendus sur mon trottoir, je ne pourrai décrire l'état dans lequel je me suis senti à ce moment là. Par chance, un bus arrive, je monte rapidement dedans et demande au chauffeur s'il s'arrête à la fac, il me dit que oui. Arrivée à celle-ci, je rentre dans les locaux et téléphone à ma mère pour lui faire part de la situation et lui dire de ne pas s'inquiéter, que je prendrais le prochain bus qui arriverait 30 minutes plus tard.  

Ce fut 30 minutes extrêmement longue, quoi que moins longues que les 4 minutes passées en leur charmante compagnie. Les 30 minutes passées, le bus arrive, et est sur le point de repasser à l'arrêt maudit. Je prie pour ne pas les y trouver, je ne vois personne, sauf des étudiants désirants rentrer chez eux. Quelques stations plus tard, un homme monte dans le bus, physique banale d'apparence assez simplet, enfin bref, un mec sur qui je ne me retournerai pas d'habitude, et demande son chemin au conducteur. Quand il parlait, je prenais soin de l'écouter, de m'accrocher à ses paroles à ses gestes, je crois qu'il me plaisait. Ce qui est quand même fou qu'un mec qui ne nous plairait pas en temps normal peut trouver tout son sens quand nous nous sentons en danger, comme-si on avait besoin de se rattacher à quelque chose, un mot, un regard, pour éprouver un faux sentiment de sécurité. 

Je cherchais des regards qui pourraient me comprendre, comprendre ma peur. Personne. Une fois le mec parti, une fille est montée dans le bus, j'ai écouté toute sa conversation téléphonique: elle compte voir son amie jeudi après-midi car elle n'a pas cours, ne souhaite pas qu'on lui parle de permis de conduire car elle n'a pas le temps pour le passer, elle sait conduire car elle a quand même pris une douzaine d'heures de conduites au bled, elle finit trop tard cette année et est passée par rapport à l'année dernière de 13 à 8 de moyenne. En bref, je voulais m'occuper, me concentrer sur autre chose que sur mon angoisse. Puis étant particulièrement sous l'effet de drogue, mon anxiété n'en était que surdéveloppée. 

Une fois arrivé à ma gare, j'ai marché quelques minutes pour rejoindre mon doux foyer. J'ai eu très peur tout le long du trajet mais heureusement plus de peur que de mal. C'est quand même fou ce que les choses les plus simples peuvent prendre un sens tout particulier quand nous ne nous sentons plus à notre place, ou en danger.

Moi qui comptait me faire sucer ce soir, en étant complètement défoncé, je crois qu'on va devoir remettre ça. J'ai pas de chance... 


(*) : Boloss : synonyme : bouffon.

LL

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

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