#48 Gay-gay-gay-gay-gay-pri-pri-pri-pri-pride

C'était un résumé horaire que je voulais faire, un truc qui retraçait toute la journée heure par heure. J'avais commencé à prendre quelques notes avec mon téléphone à chaque fois qu'un évènement important se passait, malheureusement, cette idée est vite passée aux oubliettes. 

Cette Gay Pride (GP) était la meilleure de toutes celles que j'ai pu faire, bon, j'en ai fait que trois dans ma vie, mais quand même. Rien à voir avec l'année dernière. D'ailleurs, le beau temps était au rendez-vous malgré les nombreux pronostics contraires, c'était déjà une bonne chose. La sécurité a été déployée en masse, ce qui a vraiment été une bonne chose, de quoi dissuader quelques emmerdeurs. 
Je me suis amusé de voir quelques gendarmes et policiers prendre des photos du rassemblement et bouger leurs pieds au rythme de la musique. 

C'était pourtant pas gagné. En nous rendant à Montparnasse, dans le métro, on a pu apercevoir toute une bande d'individus cognant dans les parois du métro en criant des slogans du style : "vive les gays!", "allons nous faire enculer!" etc... Autant dire que ça promettait. Et pourtant, arriver à Montparnasse ces gens ont littéralement disparu de mon champ de vision pour laisser place à la fête, aux couleurs, à l'harmonie. 

À peine arrivé, je tombe sur une vingtaine d'amis, dont Anthony, je file dire bonjour à tout le monde, et hop le cortège démarre. Comme d'habitude, nous perdons tout le monde dans la foule, et finissons à quatre, deux potes à moi et notre bouteille d'évian qui, en fait, abritait tout un autre breuvage pour le moins décapant. La musique nous motive de plus en plus, je sors mon t-shirt "FreeHugs" blanc, comme promis, et reçoit des câlins en masse, accompagnés de commentaires pré-câlins des plus touchants du genre "- Non, j'ose pas. - Mais vas-y, c'est écrit !"  Charmant.
Je ramasse une pancarte, tombée par terre, prends quelques autocollants, et en deux minutes, je deviens un FreeHugsiens militant pour les droits de la famille. Très vite, des amis à moi nous rejoignent, et là, c'est le paradis. 



Puis, vient la partie où tu es censé retrouver des gens, là c'est plus compliqué. Je saurai pour les prochaines GP à venir qu'il faut toujours d'ores-et-déjà convenir de se retrouver en bas des marches de la Bastille, toujours, c'est le seul point fixe du truc où tu peux attendre calmement tout en étant dans l'ambiance. D'ailleurs, faudrait vraiment faire quelque-chose pour la surcharge des réseaux parce-que c'est vraiment pas vivable quand t'es dans l'urgence... 
Je reçois des messages envoyés à 16h, de personnes censées me retrouver, à 18h. De nombreux messages vocaux que j'essaie tant bien que mal de comprendre, des appels manqués s'affichant alors que mon portable n'a pas vibré... Bref, très dur de comprendre quoi que ce soit. 
En attendant ces personnes, mes amis s'étant avancés de la scène, je fais la connaissance de trois jeunes gens absolument sympathiques, dont un qui n'osait pas descendre pour me faire un câlin. Poussé par une de ses amies, il a finalement osé franchir le pas. S'en suit une discussion des plus agréables avec eux. 

Boire, c'est bien, mais évacuer c'est mieux. Je me dirige dans le bar se situant à côté des marches (c'est le moment de faire de la mauvaise pub). Une espèce de beauf en costard m'ouvre et me demande ce que je veux, ayant bien lu le panneau "l'usage de nos toilettes est exclusivement réservé à notre clientèle", je lui dit quand même que je veux utiliser ses toilettes. Il me répète ce qui est inscrit à l'entrée de son bar, je lui fait alors croire qu'étant étudiant en droit, je connais mes droits, et sait qu'il est interdit de refuser l'accès aux toilettes, évidemment ça ne marche pas. Une fille au bar, sûrement encore plus bourrée que moi prends ma défense, me prends par le bras et m'amène dans les toilettes, les vigiles interviennent, et nous mettent dehors - tous les deux. Le temps de leur lâcher un "c'est pas très clean ce que vous faites, vous entendrez parler de moi" et les portes se refermaient. C'est pas la première fois que j'ai des problèmes avec ce bar, il y a deux ans, situation similaire, avec le même serveur, il me semble avec le recul. Bref, amabilité à revoir. 

J'ai donc été uriner dans un petit coin. Sale, mais c'était le seul moyen.

Je vois Anthony, au loin, je vais le rejoindre, puis nous croisons Pineco, qui passait par là... On décide d'aller retrouver un peu les autres et d'aller acheter une bouteille de Tequila ainsi que du jus, histoire de tout diluer tranquillement... Je reçois le message d'un garçon que je devais voir qui m'annonce qu'il est arrivé aux marches, j'active le mouvement, dépose Pineco et Anthony en bas des marches avec mes amis et ceux que j'avais rencontré et m'occupe du garçon que je devais voir. 
D'apparence très bourré, je ne comprenais rien à ce qu'il me disait, j'ai regretté d'avoir fait tant d'effort pour ça, après un câlin offert et une tentative de sa part de m'embrasser, je l'ai rendu à son "meilleur ami", une espèce de pédale de 25 ans des plus acerbes qui se contentait de remarques sarcastiques et cyniques à mon propos - Allez salut ! 

Mais c'est sans compter l'arrivée du Monsieur que j'attendais depuis le début. Je devais donner plusieurs choses à ce Monsieur avec qui je parle depuis maintenant quelques mois. Après son FreeHug accordé comme il se devait et ses petits cadeaux, que j'avais pour lui, distribués, c'est plusieurs bisous qui se sont échangés. Les retrouvailles furent courtes mais très agréables. 

J'ai vu tous les gens que je voulais voir, c'est alors qu'un garçon du groupe que j'avais rencontré quelques heures plus tôt décide de partir, il avait écrit "Free Kiss" sur la joue, il me demande si je veux l'embrasser avant qu'il ne s'en aille. Ivre, je lui accorde un petit bisou.
J'ai embrassé un soit-disant hétéro. 

Mes amis me retrouvent et on décide de partir, étant fatigués et Bastille se vidant petit à petit...

Je garde un merveilleux souvenir de cette GP symbolique qui scellait la mise en marche du Mariage pour Tous. 


LL

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

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