#113 Mon beau-père m'a frappé

Avertissement : Cet article contient des propos antisémites et racistes très durs, qui pourraient choquer certains individus, surtout ceux de confession juive. Si vous vous sentez concerné par cet avertissement, merci de ne pas lire ce qui suit. 

On mangeait, tous les trois, silencieusement, comme d'habitude.

Aux infos, un énième sujet sur le conflit israelo-palestinien a été diffusé. Les deux tiers du dîner se sont déroulés sans encombre, dans un silence de mort, on pouvait entendre les cris des enfants qui jouaient dans le parc en bas de chez nous. Soudain, une réflexion de mon beau-père concernant Israel a mit un terme définitif à cette quiétude qui ne pouvait laissait présager que le calme avant la tempête. 

"- Ras le cul des juifs. Et les enfants palestiniens qui meurent tous les jours ? Personne n'en parle. Tout le monde s'en fout. Ils mériteraient de se faire bombarder la gueule eux aussi, ainsi que les Etats-Unis. Ça fait des semaines qu'on entend "Israel, Israel, Israel…", les palestiniens ne font que se défendre…"

Bon, vous savez, moi, les sujets sensibles comme ça, j'essaie de passer au dessus, surtout avec lui. Ca se termine toujours par un drame, toujours. Ayant conscience de mon impulsivité qui m'a bien souvent posé problème, j'ai, au cours des derniers mois, essayé de mettre un peu d'eau dans mon vin vis-à-vis de mon beau-père. C'est la raison pour laquelle j'ai essayé de pas trop épiloguer, ne connaissant d'ailleurs pas assez le sujet pour pouvoir prétendre avoir un avis tranché sur la question.

Je me contentais de brèves interventions calmes et courtoises comme "Oui, enfin dans un conflit, faut être deux. T'es pas tout seul à te battre", sauf que plus je parlais, plus il s'arrangeait pour m'énerver. Il a fini par ajouter : "Hitler avait raison, on aurait du l'exterminer cette sale race !", ayant entendu cette phrase, mon sang n'a fait qu'un tour, je profitais d'être dans la cuisine pour laisser ma colère s'exprimer. J'ai donc décidé de mettre fin au débat, tout en essayant de cacher ma rage intérieure : 

"- Tu sais quoi ? J'ai même pas envie d'entrer dans le débat avec toi, ça va m'énerver. Juste, dis pas des trucs comme ça ! " 

Puis, j'ai pris l'escalier pour rejoindre ma chambre, fier de ne pas m'être laissé emporter. Et c'est à ce moment là où j'ai entendu le ton de sa voix monter, sans doute pour que je puisse entendre ce qu'il avait à dire : 

"- Je le répète, haut et fort, j'emmerde cette race ! Je chie sur les juifs, Hitler était dans le vrai ! ". Là, j'ai été très con parce-que je suis remonté pour lui dire : "Par contre, j'ai des potes moi qui sont juifs, donc par respect, tu dis pas ça ici". Il avait finir par avoir ce qu'il voulait : un conflit. 

"- J'en n'ai rien à foutre de tes potes. Je dis ce que je veux", et à partir de ce moment là, tout est très flou. Le ton est encore plus monté, je suis redescendu pour éviter la bagarre, lui voulait me rejoindre pour me casser la gueule, mais ma mère le retenait et le giflait pour qu'il se calme. D'en bas, j'ai vu la scène, il l'a giflée à son tour, violemment. A ce moment là, j'ai pas cherché à comprendre, je suis rentré dans le tas. 

J'ai monté l'escalier, enjambant les marches deux par deux, et lui ai rentré dedans. Ma mère, en larmes, essayait de nous séparer. Il a vite réussi à me mettre par terre, m'est monté dessus et m'a frappé au visage et dans les cotes, tout ça ponctué par des, "qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?" pendant que j'essayais d'atteindre son visage avec mes poings. 

Une fois libéré, les mots sortaient de ma bouche tels des couteaux ne demandant qu'à s'enfoncer dans une chaire tendre et immaculée, "espèce de connard, t'es qu'un enculé ! Enfoiré de merde !" pendant que lui, de son côté, se contentait de m'envoyer des "ferme ta gueule, pédé va ! Espèce de sale baltringue !". Après que ma mère l'ai invité à faire ses valises et à se casser, il est revenu calme et a essayé de se faire bien voir à ses yeux, pour changer. 

Je suis resté en bas, dans ma chambre, sous le choc et en larmes, au téléphone avec une amie. Il est venu me voir pour s'excuser comme il fait toujours, sauf que cette fois, non. "C'est mort ! Casse toi, j'veux pas te parler !" lui ai-je dit froidement. Il est revenu dans ma chambre, quelques minutes plus tard, avec ma mère pour s'excuser une nouvelle fois : 

"- Regarde ce que tu m'as fait. Regardez ce que vous m'avez fait. J'ai un bleu. J'essayais juste de te calmer. Tu m'as sauté dessus…", j'ai vite mis fin au débat : 

"Je m'en bats les couilles. C'est mort. T'as rien fait ? Ça faisait pas 15min que t'essayais de me chauffer quand on était en haut p't'être ? Arrête de te foutre de ma gueule. Tu viens toujours foutre ta merde, et une fois qu'elle est bien semée, tu viens t'excuser et jouer ton bouffon. Remballe, c'est mort !", ma mère est resté.

J'ai fondu en larmes, et ai fini par lui avouer que j'avais trouvé une bouteille de whisky cachée dans leur armoire et qu'il fallait arrêter de mentir. Elle a pleuré aussi, tout en évitant le sujet, comme toujours. 

"Non… !"
"Arrête, si je me trompais tu serais pas en train de pleurer alors arrête, putain, arrête de me mentir !", disais-je en me frappant les cuisses, tout en ayant commencé l'écriture de cet article. La conversation a vite déviée sur son mec, je ne sais pas du tout comment les choses vont se passer. Aux dernières nouvelles, il est censé partir… 

On a finalement passé la soirée tous les deux avec ma mère, dans ma chambre, à regarder une ancienne émission de Fort Boyard datant de 1994. Au moment où elle est sortie de ma chambre, il est revenu vers elle et a fait le mielleux :

"- Mais qu'est-ce qui se passe ? Je comprends pas. Excuse-moi."

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

12 commentaires:

  1. Putain...

    On a toujours tendance à penser que ses propres problèmes de famille sont souvent les pires, mais là, je dois admettre que ta mère semble s'être trouvé le pire connard de France. J'espère pour toi (non, pour vous, en fait) qu'il va vraiment se casser (ou que toi tu songes à tendre vers ton indépendance, même si c'est encore tôt), et que quoi qu'il en soit, tu ne lui adresseras plus la parole.

    Bon courage !

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  2. J'ai moi-même entendu des propos scandaleux (homophobes en particulier) dans la bouche de mon père il y a pas quelques années (il s'est adouci avec l'âge) mais là les propos sur Hitler et les juifs ainsi que les insultes et la violence physique vont bien au-delà de ce que j'ai connu. Bon courage si tu dois continuer à partager le même toit que cette personne ...

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  3. Courage pour la suite, j'espère que tu ne te sens pas trop choqué...

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    1. Non, ça va. Je suis plus dégouté que choqué, j'suis même pas encore sorti de ma chambre…

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  4. Je ne sais que dire...
    Peut être juste courage et te faire un calin pour te réconforter un peu.

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  5. Tu es plus fort que lui, ne le laisse pas te briser ;-)

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  6. Et lui envoyer ce que tu as écrit par lettre ?...

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    1. C'est con mais j'ai même pas les couilles de le faire. Puis, je pense que ma mère serait celle qui souffrirait le plus dans cette histoire si jamais je faisais ça. Est-ce que c'est mieux de ne rien faire ? Absolument pas. Mais j'espère qu'ils profiteront de mes absences à répétition (je viens de rentrer de Bruxelles, je repars pour Prague demain matin) pour avoir quelques conversations… Si ce n'est pas le cas, je sais que cette histoire finira par ressortir lorsqu'on se retrouvera tous les 4, chez ma soeur, à partir du 15. Je verrai bien à ce moment là…

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