#149 Le sexe après la rupture

C'est reparti pour Grindr, Hornet, Tinder... et même Once ! Après la rupture, la question du sexe se pose rapidement. Des tas de questions et de réflexions surviennent : Est-ce que j'en ai vraiment envie ? Est-ce que je suis prêt à tester le sexe après cette rupture, à coucher avec quelqu'un que je n'aime pas ?


Le sexe après la rupture

L'avant rencontre ♦ 

Je suis célibataire depuis un peu plus de trois semaines maintenant. La douleur s'estompe peu à peu, la colère reste. J'ai réinstallé les fameuses applications de l'amour 2.0, en quête d'un quelque chose, d'un petit on ne sait quoi, qui pourrait m'aider à aller mieux. 

De nombreux garçons me parlent, jeunes et très mignons pour la plupart. Je ne cache plus ce que je recherche, on peut le lire très explicitement sur ma bio : des potes, si possible... Dans des bars, encore mieux... Ou des plans, pour voir ce que ça fait, le sexe post-rupture. Mon profil est très clair. Les garçons avec qui je parlent savent pourquoi je suis ici, savent que je me suis fait plaquer et savent que si je suis (de nouveau) présent sur ces applications, c'est avant tout pour me changer les idées. 

Les profils s'enchaînent, les conversations se multiplient. C'est sympa. Seulement passés trois jours, on a vite fait le tour. Je comprends que parler à de multiples garçons ne sera pas suffisant pour combler le manque. La solution est dès lors toute simple : il faut passer à l'action. 

On discute depuis quelques jours avec Maxime, un élève-avocat de 25 ans. Il me demande si ça me tenterait "de faire connaissance autour d'un verre... ou d'autre chose". J'accepte sans trop me poser de questions, en me disant que de toutes façons, on verra bien. 

♦ La rencontre ♦ 
Hier soir, 19h, Paris, 2ème arrondissement 

J'attends. Longtemps. Il arrive. Survient le premier moment gênant. Je sais que je vais baiser avec ce mec et c'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle je suis ici mais on a 10 minutes de marche avant d'arriver jusque chez lui... que faire pendant ces 10 minutes ? On meuble, on parle, on pose des questions sans vraiment faire attention aux réponses... Et puis, on est arrivé !

Il me propose de boire un jus d'orange, je roule mon joint de fin de journée et l'invite à tirer dessus. On parle, on parle, on parle, trop. Tellement que j'apprends qu'il vit seul dans cet appartement splendide qui appartient à ses parents et qu'on fait le même trajet en métro tous les matins mais complètement dans le sens inverse. Les heures défilent. Il tente de se rapprocher de moi au bout d'un moment, "chaton", "petit chat" et va jusqu'à me toucher le genoux, la jambe, lorsqu'il essaie de me démontrer quelque chose. Ça ne trompe pas... 

Mon excitation oscille, j'ai pas baisé depuis 1 mois mais d'un autre côté, je ne le connais pas. Mon cerveau est saturé de questions : Est-ce que je vais bander ? Est-ce que je vais réussir à éjaculer ? Mais surtout... et si je le regrettais ? Il sent mon angoisse, il me pose des questions sur Marc, mon ex, beaucoup de questions auxquelles je tente de répondre le plus objectivement possible. Pendant mes longs discours, il prend son oreiller, le met sur mes jambes pour venir s'allonger entre mes cuisses. 

Je pense "ça y'est, ça va arriver.

On parle quelques minutes de cette façon, puis il m'embrasse. Tout à coup, je ressens presqu'automatiquement cette vague d'excitation, cette pulsion que je n'avais plus ressenti depuis longtemps. Je l'embrasse à pleine langue, me frotte contre son jean, pousse des petits gémissements... C'est bon. On bascule dans sa chambre, l'étreinte est ponctuée par de grands moments sauvages et des moments de profonde accalmie, il me complimente, me dit qu'il adore ça, plus il me parle, plus ça m'excite. Les rideaux sont ouverts avec un grand vis-à-vis dont je me moque complètement. J'avale son sexe avec assurance et méthode, il aime ça. 

Puis il prend ma tête, la bloque et m'étouffe de sa verge, je me surprends à aimer ça et à en redemander encore... Son visage est crispé, il gémit, de plus en plus fort, tout comme moi. Il me demande s'il peut m'éjaculer dessus, un trip sans doute. Je lui demande alors s'il aime ça, il me répond que oui. Ça tombe bien, car secrètement j'en mourais d'envie. Il termine donc par m'éjaculer dessus, chose que jamais personne n'avait faite avant lui, je jouis, bruyamment, juste derrière. 

C'est bizarre à dire, mais j'ai aimé, l'espace de quelques secondes, me sentir complètement soumis, chosifié par un mec. C'est comme si, de par mon état actuel, je goûtais à une nouvelle sorte de liberté, certes vicieuse, perverse, sans doute, mais incroyablement bonne. 

Il m'amène à la douche et prend soin d'effacer tout son bazar. Je ne bouge pas vraiment, j'ancre mes pieds au sol, je réalise ce qu'il vient de se passer. L'écho et le tintement de ma voix me trouble et m'agace dans la douche confinée, alors je choisis de me taire. Je souris pour combler le vide, c'est tout. Après s'être séchés et rhabillés, il me demande si j'ai faim... Dans la mesure où je ne mange plus que le midi depuis trois semaines, il est évident que non. Il me fait comprendre qu'il souhaiterait que je parte pour pouvoir se coucher tôt, ça tombe bien, je n'avais plus grand chose à faire ici à part terminer ma clope. Je me prépare à partir et je le surprends à me prendre dans ses bras, devant le miroir. Exactement de la même façon que moi, lorsque j'ai embrassé Marc pour la première fois

Il a sa tête dans mon cou, ses bras autour de mon ventre par-dessus le T-Shirt, je tiens mon verre de jus d'orange à la main droite, le bras gauche est totalement ballant. Je me regarde dans le miroir, dans les yeux, puis je le regarde lui. Je me remémore certains souvenirs, je tente de comprendre tout ce que cela veut dire, je remonte mon bras gauche et pose ma main sur la sienne, je me sens ridicule. 

L'au revoir est chaleureux sans en faire trop, comme deux garçons sympas qui viennent de se faire une queue, aucun moyen de savoir si nous allons nous revoir et contrairement à mes anciennes habitudes, ça ne me fait rien. 


♦ L'après rencontre ♦ 

Je n'attends pas grand chose de cette escapade sexuelle en dépit de toutes celles que j'ai pu connaître jusqu'à maintenant, que ce soit avec Ian, Anthony, Alexandre ou bien encore avec un des mecs de Grindr...  J'ai toujours été tenté d'un après, mais pas cette fois. Sur le chemin du retour, je pense "c'était chouette mais tant pis si je ne le revois pas."

Aujourd'hui, il m'a rajouté sur Facebook, il continue de me parler par texto, donc j'imagine qu'il est plus ou moins intéressé à l'idée de continuer à me fréquenter. Mais j'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi. Je lui ai parlé de mon ex pendant 30 minutes, j'ai pas franchement été très avenant, j'ai même du paraître complètement frigide par moment (sauf au lit, cela va sans dire). En y réfléchissant, c'était pareil avec Marc au début, j'avais beaucoup de mal à être tactile sans devoir réfléchir à ce que j'allais bien pouvoir faire avant de le faire. Et ça passait par des choses toutes connes : comme lui faire un petit bisou, un câlin... Je crois qu'en fait, je manque un peu de... comment je pourrais appeler ça... de spontanéité affectivo-tactile, parce que j'ai pas encore assez confiance en moi. Et comment avoir confiance en les autres et lâcher prise autre part que dans un lit si on n'a déjà pas confiance en soi ? 

J'ignore où cette partie de ma vie va me mener, j'avoue que je m'en fiche un peu pour l'instant. Cette baise m'a fait réaliser qu'en un an de relation, je n'ai jamais pris de douche avec Marc, qu'il ne m'a jamais éjaculé dessus et qu'on a pratiquement toujours niqué la lumière éteinte, sauf au tout début de notre relation. Je me rends compte qu'une partie très importante de notre vie sexuelle a été d'un ennui et d'une platitude sans nom... Presque monstrueuse. C'est pourtant pas faute d'avoir tenté de la faire évoluer... 

Je suis persuadé que cette histoire avec Maxime ne peut, à date, pas me faire souffrir. J'ai encore trop de chagrin en repensant à mon histoire avec Marc. Et même si je suis toujours aussi seul et en colère qu'hier, je suis heureux d'avoir testé de nouvelles choses, sexuellement parlant. Ça n'a vraiment pas eu l'effet que je recherchais, mais au moins, c'est déjà ça. 

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

3 commentaires:

  1. Faire l'amour dans le noir et ne jamais se doucher avec l'être aimé, mais c'est trop triste Lucas !

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    1. Je suis bien d'accord.
      Quand j'y réfléchis, je me dis que c'était peut-être déjà une tentative de sa part de mettre de la distance envers moi... :)

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  2. Même sur ces applis, il y a des mecs bien qui existent ☺

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